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Julia Thévenot, le perfectionnisme au service de l'écriture et de l'édition

Julia Thévenot, le perfectionnisme au service de l’écriture et de l’édition

Julia Thévenot, le perfectionnisme au service de l’écriture et de l’édition

Avec sa double casquette d'éditrice et autrice, la native de Tours occupe aujourd'hui le poste d'éditrice jeunesse chez Sarbacane. Tout d'abord blogueuse littéraire, elle sort son premier roman Bordeterre en 2020. Titulaire d'une licence en droit et un master en patrimoine et Edition, elle se spécialise dans la littérature jeunesse.

Nous avons eu le plaisir de rencontrer Julia  au salon du livre du Mans. Une autrice originale et passionnée. Séduits par l'intrigante couverture de sa dernière sortie, mille pertuis, nous n’avons pu résister à l’envie de nous l’offrir, ainsi que son précédent Bordeterre que nous avons dévoré les jours suivants. Vous vous doutez que nous ne pouvons que vous les recommander. L’univers original et magique, les morales sincères et inspirantes, des personnages attachants, tous les ingrédients sont réunis pour de délicieuses heures de lecture. Elle nous les a gentiment dédicacés avec un joli tampon personnalisé! Suivez-nous dans notre échange :

Bercée depuis l’enfance par différentes influences, Julia fait preuve d’originalité et de créativité

Mes inspirations ? C'est surtout des influences, pour ces deux-là en tout cas(bordeterre et mille pertuis), parce que j'ai beaucoup baigné dans la fantasie et le fantastique étant gamine, j’en ai lu énormément! Je les ai vraiment dévorés! Surtout une grosse influence de Harry Potter.

 L'influence est très présente dans mille pertuis, le côté enfantin du personnage principal, le fait de le voir évoluer. Le côté un peu sombre de la magie, la fougue et la naïveté de la jeunesse ou même les secrets des adultes qui ont des conséquences sur les choix des enfants, qui sont par conséquent souvent désastreux.

 Neil Gaiman écrit à la fois pour les petits et les grands, toujours du fantastique qui frôle le cauchemar tout en restant assez délicieusement enfantin. Et j'adore cet équilibre.

On voit pas mal de ressemblance avec l’univers de Coraline, sous ses airs d’univers jeunesse il y a un côté très sombre destiné à un public plus mature.

En plus de ses influences “naturelles”, ses proches voient des inspirations inconscientes d’un célèbre auteur.

J'ai pas mal d’influences aussi de Philip Pullman malgré moi, mais a chaque fois que je relis ou que je retravaille mes bouquins et que j’ai des retours de mes proches qui les lisent, ils me disent “mais ça me fait tellement penser à la croisée des mondes “. Et effectivement, ce n’est pas conscient mais voilà j'ai des influences comme ça. 

Son univers pétillant et magique, visible dès la couverture de son dernier roman, se rapproche des œuvres de Hayao Miyazaki.

En écrivant bordeterre j’ai découvert à posteriori qu' il y avait pleins de petits clins d'œil au voyage de Chihiro qui avait dû me marquer sans que je n'en ais conscience. 

La tête pleine de magie, Julia n’oublie pas l’importance de la réflexion sociale

Et puis c'est aussi pas mal de discours sociaux, pas de façon construite dans le discours mais ça infuse le récit parce que je suis de plus en plus politisée à mesure que je lis. Ça a du sens d’intégrer l’imaginaire dans le réel, c'est important d’apporter de la réflexion sociale, de la diversité et des façons de s’approprier des questions contemporaines.

Pour elle, il y a une chose qui compte plus que le reste

Le plus important c'est l’histoire ! Quand on a une bonne histoire, elle est nourrie de tout ce qui nous anime. Mais le plus important reste l’histoire.

Le choix méticuleux de la couverture, une étape cruciale, autant attendue que redoutée pour notre autrice

Pour la couverture, c'est un choix d’éditeur, c'est vraiment un choix commercial. Nous en tant qu’auteur on tremble de tous nos genoux quand on attend la couverture et qu'on ne sait pas à quoi ça va ressembler. Pour bordeterre je leur avais dis c'est une histoire de magie et je rêve qu'il y ai du bleu et du doré. Je veux une ambiance capiteuse, magique. 

Et coup ils m’ont écoutée et ils m'ont proposé ça. C'était vraiment trop beau. J’ai adoré.

La couverture de Mille pertuis, une véritable œuvre d’art qui nous a tous conquis

Pour mille pertuis, je ne savais pas du tout dans quelle direction ils allaient partir, et c'est à la fois très original et très fidèle au livre, donc je suis hyper heureuse. En gros, ils m’ont présenté un premier peintre que le directeur artistique avait repéré. C'était cool, mais je trouvais ça un peu trop glauque, pas assez jeunesse, et je n’étais pas convaincue. Je leur avais dit non. Ils m’ont écoutée, et j’étais très contente car on ne sait jamais en tant qu'auteur s'ils vont écouter.

Ensuite, ils m’ont présenté une deuxième illustratrice qui fait plein de choses chez Gallimard Jeunesse. C’était beau, mais un peu classique, et comme je n’avais pas envie d'être pénible et d'être l'autrice qui dit non à tout, j’ai accepté. En fait, elle n'était pas disponible, j’étais trop contente.

Enfin, ils m’ont proposé celle-ci, ils n'étaient pas sûrs. Ils trouvaient ça trop bizarre, mais ils avaient un peu un feeling et ils m’ont demandé si ça me plaisait. J’ai adoré ! Après, ils ont fait la composition avec cette fille qui est au milieu. C'est l'héroïne du livre qui a, en gros, une force de vie qui sort de son nombril. J’ai trouvé que la composition était géniale avec tous ces organes, les plantes. Ça, ils l’avaient déjà proposé.

Ensuite, ils m’ont dit qu'ils pensaient mettre plein de petits éléments. Je leur ai fait une liste de 100 trucs, et ils en ont mis une vingtaine. Ce que je voulais, c'est qu'il y ait des choses contemporaines comme les tic-tac, la cup, etc., et des choses plus traditionnelles comme un chat, un champignon, des potions. Du coup, ils m’ont vachement écouté, j’ai trouvé ça génial. Chaque élément de la couverture correspond à un élément du livre. Ça montre la singularité de l’univers.

Pour suivre les nouvelles aventures de notre sorcière si attachante, il faudra se montrer patient, mais l’attente en vaut la peine!

Le tome 1 de mille pertuis est sorti le 31 août, je suis en train d'écrire le tome suivant qui sortira fin 2024 ou début 2025. 

Pour Julia comme pour beaucoup d’auteurs, l’écriture du premier roman peut s’avérer périlleux

Le premier roman est toujours très difficile à écrire. Ça m’a pris 4 ans. 

Le suivant m’a pris un an et demi, deux ans. Les deux plus courts un mois chacun. Il y a moins de personnages et ce n’est pas de l’imaginaire. L’imaginaire c'est toujours plus difficile, il faut créer tout un univers. Dans l’univers magique chaque nouvelle trouvaille entraîne dix nouvelles questions.

Mais cette aventure se révèle source de grande fierté

Pour mon premier livre, ce qui me rend fière c'est l’équilibre entre la langue qui est assez travaillée, contemporaine, et l’univers que j’ai créé. J’avais envie de raconter une histoire imaginaire. Ça parle aussi pas mal de politique mais ma fierté c'est d’avoir réussi à porter ce style de la fantaisie, qui est souvent très classique à l’anglaise, avec une langue de littérature francophone très contemporaine, viscérale, poétique, intense. J'avais envie d’une exigence littéraire qui serait la mienne, singulière et personnelle. C'est ma fierté d’avoir trouvé cet équilibre là. 

Julia a su s’armer de courage et d’abnégation pour finir sa première pépite

Les 90 premières pages je les ai réécrites six fois. Et en vrai, je dis 4 ans car c'est quatre ans d'écriture pure mais c'est un bouquin qui a mijoté, qui a maturé longtemps avant donc je pense qu'on est sur 8 ans.

En tant qu'éditrice elle nous prodigue quelques conseils précieux

Mais le premier, c'est souvent ça en fait. Ce sont des bouquins que les auteurs portent et portent encore, et souvent, mon conseil en tant qu’auditrice, au bout d'un moment, c'est lâche-le ! Là, tu n'arriveras jamais à en faire quoi que ce soit. Passe à autre chose avec tout ce que tu as appris et écris autre chose, et peut-être que plus tard, tu y reviendras. Je n’ai pas écouté ce conseil que je donne à tout le monde et j'ai quand même réussi à le faire sortir, mais ce n'était pas facile.

Autrice et éditrice, deux métiers qui se complètent parfaitement

Les métiers d'autrice et d’éditrice ne sont pas du tout les mêmes mais les deux se nourrissent je trouve. Parce qu'en tant qu’éditrice j'ai appris beaucoup de choses, à travailler, à exprimer les manuscrits des autres, j’ai appris comment les bons dialoguistes écrivent de bons dialogues, savoir comment font ceux qui écrivent de bonnes descriptions et à analyser au scalpel les auteurs, j'ai beaucoup appris, ça m’a vraiment nourri. Ça m’a beaucoup aidé à écrire mon premier. Et en tant qu'autrice je sais ce dont a besoin un auteur quand je le fais patienter, quand je lui fais mes recommandations en tant qu’éditrice. Je sais comment c'est vécu de l’autre côté donc les deux se nourrissent. 

Sarbacane, une maison d’édition qui ne dicte pas de standards à ses auteurs

En tant qu’éditrice, je ne connais pas les étapes pour faire un bon livre. Il y a des techniques d’écriture mais tous les livres sont différents et nous on ne fait ni de commande, ni des choses formatées chez Sarbacane. Il y a peut-être certains éditeurs qui publient beaucoup de littérature américaine contemporaine où on peut ressentir une influence des écoles d’écriture américaine, où on a des auteurs qui sont un peu dans le même moule parce qu' ils ont passé quelques années à apprendre ensemble auprès des mêmes professeurs.

Pour finir quelques mots sur notre littérature française

On est la littérature qui s’exporte le plus après la littérature anglophone. Culturellement, on est très fort. Comme la presse, c'est la presse française qui est la première mondiale. C'est très florissant, très inventif. En France on a un marché qui est singulier et explosif. La littérature jeunesse est elle aussi très créative !

Comment trouver un éditeur pour mon livre ?

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